Des bactéries « amies » qui luttent contre les bactéries « ennemies »
Le microbiote intestinal participe à plusieurs fonctions majeures dans l’organisme : il fermente les fibres, contribue à la synthèse de vitamines, transporte les nutriments vers la circulation sanguine… Il est constitué de bactéries qui luttent contre d’autres bactéries. Eh oui ! Quelques explications s’imposent.
Notre flore intestinale se développe dès notre naissance, au contact des nombreuses substances étrangères à notre organisme que nous rencontrons immédiatement. En quelques années, notre système immunitaire apprend à reconnaître les germes inoffensifs et à combattre les germes pathogènes, autrement dit qui pourraient nous rendre malades, mais aussi à tolérer les aliments. Tout un écosystème de micro-organismes variés va se former dans les intestins où ils travailleront en collaboration entre eux et avec notre corps. Lorsque la flore intestinale est constituée et a atteint son point d’équilibre, sa composition reste stable tout au long de la vie.
Schématiquement, les bactéries « amies » de notre flore intestinale luttent contre les germes pathogènes par leur supériorité en nombre, mais aussi par leur position en « barrière » tout au long du tube digestif, par la mobilisation des sources nutritives pour les bactéries et par la sécrétion de substances bactéricides [2] [3].
Un équilibre à préserver
De nombreux facteurs banals peuvent cependant perturber l’harmonie du microbiote. [4] Parmi eux :
- Une alimentation pauvre en fibres nuit à la richesse, la diversité et l’équilibre des bactéries de la flore. Selon les études, les apports journaliers des adultes (20 g en moyenne) sont trop faibles par rapport aux recommandations (30 g par jour)[5].
- Les antibiotiquesprescrits dans certains cas d’infection détruisent les microbes responsables de la maladie, mais aussi les « bonnes » bactéries » du microbiote intestinal. Celui-ci peut donc être perturbé avant de se reconstituer en quelques semaines après traitement. Cependant, des traitements antibiotiques prolongés ou répétés peuvent, chez certaines personnes, déséquilibrer durablement la flore : voilà l’une des raisons pour lesquelles les médecins ne les prescrivent qu’en cas de nécessité[1].
- Le stress: ne dit-on pas depuis longtemps que l’intestin est notre « deuxième cerveau » ? Des études récentes montrent que les déséquilibres du microbiote rendraient plus vulnérable au stress et le stress perturberait la flore intestinale ! Dans des situations émotionnellement contraignantes, il est donc important de trouver des moyens de se relaxer (exercices de respiration, yoga, méditation, activité d’endurance, etc).[6]
Comment nourrir notre microbiote ?
Notre corps a besoin d’une alimentation variée, équilibrée et riche en fibres pour que les différents micro-organismes de notre flore intestinale travaillent bien ensemble. On trouve des fibres dans les fruits et les légumes (consommez-en 5 portions par jour), mais aussi dans les légumineuses et les céréales brutes. Optez pour le pain complet le matin, croquez une pomme en cas de petit creux, tablez sur les accompagnements de légumes ou de lentilles au dîner !
Certains aliments apportent des avantages supplémentaires pour l’équilibre du microbiote intestinal :
- les yaourts, mais aussi certains fromages, la choucroute, le soja fermenté et le kéfir qui fournissent des « bonnes bactéries » à l’organisme ;
- certains fruits et légumes contenant des sucres particuliers qui stimulent la croissance des bactéries du microbiote comme les artichauts, les pissenlits, les oignons, les poireaux, les tomates, les bananes et les pommes[7].
[1] INRA : Microbiote, la révolution intestinale, Dossier de Presse 2017
[2] CDU-HGE : Les fondamentaux de la pathologie digestive, Chapitre 13 : Microbiote et immunité intestinale, Elsevier Masson, octobre 2014
[4] https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/microbiote-intestinal-flore-intestinale
[5] Anses : Avis et rapport sur la troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires – INCA 3, juin 2017
[6] Molina-Torres G et al : Stress and the gut microbiota-brain axis. Behav Pharmacol. 2019 Apr;30(2 and 3-Spec Issue):187-200.
[7] Davani-Davari D, Negahdaripour M, Karimzadeh I, et al. Prebiotics: Definition, Types, Sources, Mechanisms, and Clinical Applications. Foods. 2019;8(3):92.